• Entre plaisir et sécurité

    " Voici venu le temps des friandises hivernales, que l'on savoure pour se réchauffer sur les lacs gelés, dans les ruelles, sous le soleil et le vent. Plaisir de trois sous, pris debout en bavardant avec le voisin, bonheur fugace et éphémère. Mais ces délices s'adaptent mal aux temps modernes.

    La brochette d'agneau à la braise est bannie depuis l'an 1999, sacrifiée à l'autel de la propreté de l'air – elle survit en catimini dans quelques kiosques munis de simulacres de hotte aspirante. La brochette d'azeroles caramélisées (pommes d'amour) fait gronder le législateur, fâché avec les poussières de l'air, qui menacent de ternir leur vernis de caramel rouge : il impose au camelot de cacher sous un sac en plastique son arbre de Noël de piques écarlates plantées sur son porte-bagages...

    Dernier sur la liste des plats à abattre : la patate douce sous la cendre se voit reprocher son brasero de fortune – un baril recyclé. « Et s'il avait contenu goudron ou pesticides ? » objectent les services d'hygiène.

    Ce rejet simultané des friandises hivernales, qui avaient survécu aux bouleversements du siècle dernier, interpelle. Il n'est pas dû au hasard. Il exprime l'affaiblissement, voire la fin du goût du risque – et avec lui, du goût tout court.

    La Chine qui s'enrichit et se modernise voit dans l'Amérique, son premier client et investisseur, la clé de sa richesse future et son nouvel arbitre des élégances gastronomiques. Après avoir fait ses heures de travail à l'usine américaine et cédé à l'esclavage de la pub yankee, elle balance ses humbles plaisirs d'hier au profit des snacks yankees, McDo, Kentucky Fried Chicken ou Pizza Hut, arrosés bien sûr de Coke ou de Pepsi.

    (...) Enfin riches, le citadin tire un trait sur son passé trop pauvre – il met aux ordures, avec ses vieux jouets, ses saveurs d'enfance.

     Eric Meyer, 28 octobre 2002

     

    On peut encore voir pas mal de choses à manger vendues dans la rue et c'est vrai qu'au niveau sécurité alimentaire ça a pas l'air terrible. Mais comme il y a toujours plein de gens autour qui en mangent, ça donne envie de tester, on se dit que ça doit être bon. Alors on teste, mais toujours avec cette impression de risque, "si je suis malade, tant pis, mais au moins j'aurais goûté".

    Ca serait quand même dommage d'interdire tous ces petits vendeurs qui donnent un aspect très accueillant et famillier aux immenses rues de Pékin. Et les gens peuvent aller au supermarché s'ils préfèrent.

    Au niveau de l'environnement, j'ai aussi lu que le fameux canard laqué n'est plus cuit au charbon mais dans des fours électriques. Le chou doufu, ou tofou puant (qui mérite bien son nom), n'est plus fabriqué que dans des usines, ce qui évite les mauvaises odeurs des petites fabriques familiales d'avant. Il faut choisir entre le goût et la suppression du risque. 

    2f11b1faaa8fef0452c4180f9960e0d2.jpg89f7e74d69049fbfe15c718948330a46.jpg

     

     

     

     

     


    Tags Tags : , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :